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Pas de danger inflationniste évident aux États-Unis

Par Alistair Bull

WASHINGTON (Reuters) - Les prix à la production aux Etats-Unis ont augmenté davantage que prévu en mai mais l'indice des prix de gros est en décélération si l'on ne tient pas compte des éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation, selon les chiffres publiés par le département du Travail.

Le dollar s'est inscrit en baisse, tandis que les obligations du Trésor américain conservaient leurs positions après la publication d'un autre indicateur, montrant un recul des mises en chantier à un plus bas depuis mars 1991.

"Les chiffres des mises en chantier sont très faibles et ne donnent aucun signe de retournement, et dans le même temps, les coûts de l'énergie et de l'alimentation dopent l'inflation des prix de gros", commente Gary Thayer, économiste en chef chez Wachovia Securities.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à une hausse de 1,0% des prix à la production, après 0,2% (confirmé) en avril, or, ils sont ressortis en hausse de 1,4%.

Comparés à mai 2007, les prix à la production affichent une hausse de 7,2%. C'est leur huitième mois consécutif au-dessus des 6%.

"Ces statistiques montrent que la Fed doit sans doute s'occuper avec attention à la fois de la croissance économique et de l'inflation. Pour l'heure, nous pensons que la Réserve fédérale observera le statu quo", juge Gary Thayer.

Depuis septembre, la Banque centrale américaine a abaissé son principal taux directeur de 3,25% à 2% pour éviter la contagion à toute l'économie de la crise qui a mené à l'effondrement du marché américain de l'immobilier. Elle a récemment indiqué qu'elle les laisserait inchangés tout en surveillant l'évolution de la croissance et l'inflation.

26,3% DE HAUSSE DE L'ESSENCE

Hors alimentation et énergie, l'indice des prix de gros a augmenté de 0,2%, comme prévu, après une hausse de 0,4% en avril En rythme annuel, la hausse ressort à 3,3%, comme en avril. C'est une fois encore son rythme de hausse le plus rapide depuis 1991.

Les prix de l'essence ont augmenté de 9,3% en mai et font un bond de 26,3% sur 12 mois.

"Je pense que nous avons un peu d'inflation, mais certainement pas une inflation galopante. Cette inquiétude va s'estomper rapidement si le prix du baril se replie sous les 120 dollars", note Jim Paulsen, investisseur en chef chez Wells Capital Management. Mardi vers 14h30 GMT, le baril de brut texan s'échangeait à 133,33 dollars le baril. La veille, il avait inscrit un nouveau record, à 139,89 dollars.

Le département du Commerce a par ailleurs rapporté que les mises en chantier de logements avaient reculé de 3,3% en mai, tandis que le nombre de permis de construire se repliait de 1,3%.

Les mises en chantier ressortent en rythme annualisé à 975.000 en mai, soit son plus bas depuis mars 1991. Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur 980.000.

Enfin, la production industrielle aux Etats-Unis a enregistré un nouveau recul en mai alors que les économistes s'attendaient à un rebond, selon les chiffres publiés par la Réserve fédérale.

L'indice ressort en baisse de 0,2% le mois dernier, après un recul de 0,7% confirmé en avril. Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une hausse de 0,1% de la production en mai.

L'utilisation des capacités ressort en baisse à 79,4%, après 79,6% (révisé). C'est son taux le plus faible depuis celui de 79,0% enregistré en septembre 2005.

Un autre document, publié par le département du Commerce, montre aussi que le déficit des comptes courants américains s'est creusé davantage que prévu au premier trimestre à 176,4 milliards de dollars, après 167,2 milliards de dollars (révisé) au dernier trimestre de 2007.

Les comptes courants constituent la mesure la plus large des échanges entre les Etats-Unis et le reste du monde puisqu'ils regroupent les biens, les services et les flux de capitaux.

Le déficit de la balance des comptes américains représente pour le premier trimestre 2008 5,0% du produit intérieur brut contre 4,8 au trimestre précédent.

Version française Nicolas Delame